mardi 10 septembre 2013

Les feuilles mortes

Bientôt, les feuilles mortes se ramasseront à la pelle. Comme l'ont chanté un tas d'artistes. À Montréal, pour l'instant, le temps est doux et paresseux. La pluie est fine, rendant dans son élan, nos corps transparents.

Montréal. Des profs qui savent tout. Des étudiants inexpérimentés. Jarry ou St-Denis. Miss Villeray. Monsieur. Madame. Mademoiselle. La burqa. Plus de burqa.

Ce matin, à la radio de Radio-Canada ou à Ici ou à la Première-Chaîne, il y a une jeune femme entrepreneure qui discute de son parcours. Celle-ci est à l'origine d'un concept innovateur. Lors de colloques, des riches hommes d'affaires ont l'occasion d'enfourcher des motos pour atteindre des vitesses se situant entre 120 et 150 miles à l'heure. Bref, cette jeune femme raconte qu'elle est passée à un cheveu de se suicider au début ou à la fin vingtaine. Ces détails m'échappent. À l'époque, elle décide d'allumer la télé et c'est Jeannette Bertrand et son émission qui l'empêchent de passer à l'acte. « Appelez une personne », qu'ils disent. Apparemment que c'est sa mère qui l'a écoutée. Sans aucun jugement, qu'elle précise.

Il y a bien évidemment Madame Bertrand qui est au bout du fil, en invitée surprise. On beurre peut-être trop épais. Tout n'est pas un tout. Mais bon, cette jeune femme parle de « sortir de sa zone de confort ». Je me dis qu'à chaque fois que je me suis laissé emmener dans des pays inconnus, la lune n'avait jamais éclipsé le soleil. Ou vice-versa. Une vie parsemée de petits plaisirs et de plus grands projets. Et s'il ne fallait pas attendre l'approbation des autres pour avoir le courage de rêver ?

Un jour, j'ai noté dans un calepin violet ces paroles de Sartre : « Aimer, est dans son essence, le projet de se faire aimer ». Le souhait que la vie, au contraire de cette magnifique chanson, cette fois-ci, ne sépare jamais ceux qui s'aiment.

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Il y a Léo et son éternel chapeau. Il y a aussi Marie-Anne avec son sourire, ses pantoufles et ses cheveux blonds. Deux êtres résilients. Qui préparaient de bons plats. Qui recevaient plein de visiteurs. Léo qui lit son journal et qui parle du gouvernement. Marie-Anne qui écoute l'horoscope à la radio et qui prépare son pain si délicieux. De grandes âmes. Mes voisins de gauche lorsque j'étais gamine. Mes grands-parents. Je m'étais promis de les saluer. La maison est vide maintenant. Elle qui me paraissait toujours si pleine de chansons.

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Enfin, Mel, il y a cet homme connu et que tu connais, qui a dit « Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais ». Il faut peut-être faire le rêve de devenir fou?

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À très bientôt.

Écrivez. Jouez de la guitare. Lisez. Peinturez. Rêvez. C'est quétaine, ringard. Mais ça rend, oh combien, le cœur léger. Et, lorsque le cœur est léger, le pénible devient fabulation. Alors, on décide de se lancer, en se balançant, dans des études folles.

Montréal, dans les environs de Beaubien et de Villeray




La maison de Léo et Marie-Anne, ils y ont élevé huit enfants


samedi 12 janvier 2013

Un hiver à Moncton

Il m'a pogné le goût d'écrire ce matin. Une envie de m'exprimer, installée bien au chaud, dans mon confort typiquement nord-américain.

Écrire, c'est thérapeutique, comme l'action d'aider quelqu'un, de se faire couler un bain, de marcher sur le bord de la mer. Lorsque l'étau se resserre, lorsqu'on croit courir vers le vide, laisser couler des mots remplit paradoxalement le coeur, l'âme. Un rappel que la terre tourne dans le bon sens.

Les trottoirs de Moncton sont enneigés. Il y a un bien sûr un bonhomme de neige au coin de la rue. Il semble se demander s'il sera toujours là demain, s'il faudra tout recommencer à zéro. J'aime l'hiver. Le froid, la neige, la nature qui semble sommeiller, les nuits illuminées. Oui, je crois que j'aurais été faite pour les pays nordiques. Pis après un hiver arrive un printemps. Un printemps qui rend l'hiver jaloux.

Après quatre mois d'errance, d'indifférence, de ballades les deux pieds sur terre avec la face inondée d'air pur, me revoilà de retour au travail. À faire à peu près ce que j'aime le plus au monde. Je me souviens avoir lu ceci sur le mûr d'un petit bar en Bretagne : « L'avenir appartient à ceux qui rêvent trop. ». Quétaine, oui, mais c'est moi. Un pied sur le bord d'un gouffre, une mélodie à l'esprit qui fait oublier quelle heure il est.

J'ai commencé des cours de guitare. La musique. Elle est également associée aux rêves. Depuis longtemps, je me dis que moi aussi, je dois faire partie du concert. Sinon, au moins, écrire un refrain nouveau.  

Je vous laisse avec Beaudelaire. « Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige. Valse mélancolique et langoureux vertige. »


Je vous souhaite un bel hiver. (Sur la photo, rue Dominion, Moncton, 12 janvier 2013)