jeudi 15 novembre 2012

Pour une première fois

Difficile d'écrire ces dernières lignes. On se demande par où commencer. L'esprit est saturé de souvenirs, le but ultime est de les rendre immortels. Un peu comme si des mots nous servaient à revendiquer le bonheur.

La soirée d'hier, une cerise sur un gâteau européen. Je suis allée voir Les Hays Babies avec ma copine Katia. Ensuite, nous avons rejoint tout ce beau monde de Destination Nouveau-Brunswick sur une terrace. On a jasé. On a ri, surtout. Des Acadiens sur l'Avenue de la République à Paris. C'est assurément du « stir », comme dirait l'autre. Un plaisir doux pour les oreilles d'entendre parler chiac. Un baume sur le coeur de serrer dans ses bras des gens de « chez-nous ». Il y avait aussi le chanteur Antoine Gratton qui était là. Un beau et gentil garçon qui se disait probablement que ça aime le vin et que ça parle fort les Acadiens.

Passer deux jours dans le quartier République me réconcilie avec Paris. Je suis allée me balader dans Belleville plus tôt aujourd'hui. Je réalise que j'aime les quartiers populaires. Dans ces deux quartiers, Paris n'est plus froide, elle est excentrique. La cohabitation de gens de diverses cultures est selon moi la plus belle richesse d'une ville. Mélange d'idées, de moeurs, d'espoir. Je suis en train de m'éprendre de toi, Paris.

Tâche complexe, oui, que celle d'écrire cette dernière chronique. Voici une liste des événements, des sentiments et des anecdotes qui ont marqué mon aventure européene. Appelons-la « Palmarès  d'aventures vagabondes en Europe au début du 21ième siècle ». Tant qu'à être égocentrique.
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Palmarès d'aventures vagabondes en Europe au début du 21ième siècle

Le plus beau pays dans son intégralité : Portugal. Surtout pour ses habitants, qui sont remplis de chaleur et de douceur.

La plus belle ville à regarder : Édimbourg. Tu ne peux t'en lasser.

La ville où les gens semblent le plus blazés : Londres

La ville que je devrai apprendre à découvrir : Paris

Parmi les villes que j'ai visitées, celle que j'ai préférée en France : Marseille. Ma région française favorite : Bretagne

Les villes où je déménagerais demain : Barcelone et Édimbourg

Des coups de coeur pour Cadiz (une toute petite ville dans le sud-ouest de l'Espagne, baignée par l'Océan Atlantique), Howth en Irlande, Coimbra et Porto au Portugal

Ce que je vais le plus manquer de l'Europe : le style de vie, le café et le fromage Neufchâtel

Les plus belles expériences : le travail dans le vignoble dans le Beaujolais, le tour de moto dans les environs de Barcelone, la randonnée sur la presqu'île de Crozon en Bretagne, la découverte de la Provence, la balade en vélo et la visite du cimetière canadien à Bény-sur-mer et de la plage du débarquement, toutes les journées « molles » passées sur diverses plages en Europe

Ce qui a été le plus marquant : à quel point les humains peuvent être généreux. Je pense entre autres aux Belges que j'ai rencontrés un dimanche après-midi à Marseille et qui m'ont invité à venir les visiter. Je suis finalement restée 10 jours.

Ce qui a été le plus étrange : on est allé se balader Malcolm et moi sur une plage près d'Édimbourg la semaine dernière. Au bout de la plage, une imposante maison qui semble abandonnée. Elle donne littéralement la chair de poule. Je ne veux pas rester aux alentours de celle-ci. On part vite. On se perd dans un grand champ. Il y a plein de moutons. On retrouve finalement la route à la noirceur. Nos bottes et pantalons sont pleins de boue. Comme si on venait d'enterrer quelqu'un. Un scénario de film, oui.

Ce qui a été le plus angoissant : je me suis fait piquer mon porte-monnaie à Dublin. Je ne voulais pas l'écrire ici, j'ai un peu honte. J'étais SI fière de ne pas mettre fait voler pendant ces quatre mois. À la fin de ce genre de périple, je crois que tu finis par gagner un peu trop de confiance et que tu baisses quelque peu tes standards de surveillance de sacoche. Bref, Ryanair nous a envoyé un texto lundi nous disant qu'il y avait un risque de grève le 14 novembre, journée où je dois prendre l'avion pour revenir à Paris. Je les contacte. On me dit que s'il y a grève, je ne pourrai partir avant le 16 novembre. C'est le jour où je retourne au Canada. Merde. Court moment de panique. Il n'y a pas eu de grève, je suis revenue à Paris avec moins d'une Pounds, 40 Euros et 35 $ Canadiens. Merci à Sylvie et François d'avoir été là.

Je crois que j'ai économisé au moins 20 Euros en ne payant pas toujours les entrées de métro ou de bus. Je me suis fait contrôler une fois. J'ai joué la touriste naïve.

En arrivant au port de Dublin, je n'ai pas pris le bus dans lequel j'aurais dû embarquer. Le suivant et le dernier cette soirée, disait « Out of service ». Le chauffeur a vu mon air penaud et m'a dit en hochant la tête « get in ». Il m'a conduit au centre-ville dans son autobus qui était « out of service ».

Dans les auberges de jeunesse, tout le monde à le regard fixé sur son portable et personne ne se parle.

Les villes que j'aurais aimé visiter dans le cadre de ce voyage : Berlin et Istanbul

Le plus succulent repas que j'ai mangé : des tapas à Séville

Si je refais ce genre de voyage à nouveau, je préparerai mes déplacements un peu plus à l'avance. J'aurais économisé beaucoup d'argent de cette façon.

Je suis la première à dénigrer notre gouvernement. Je crois qu'un peuple doit constamment se questionner, se remettre en question, se mobiliser. Comme on l'a fait au Québec ce printemps. Ceci dit, j'étais vraiment surprise de la réaction des gens à la réponse au fameux « Where are you from ? » Lorsque tu réponds que tu es Canadien, les gens veulent systématiquement devenir ton ami.

Écrire, c'est comme prendre un bain, ça fait du bien.
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Voilà, ce voyage m'a fait réaliser la nécessité d'avoir des rêves dans la vie. En tant que personne, en tant que peuple. Mon père m'a appris ceci. Je m'assurerai de transmettre cette vision aussi si j'ai des petits un jour. Il faut être humble et croire en les personnes. Lorsqu'on est aimable avec les gens, un retour heureux se produit. Tout ceci est simpliste, mais c'est ça.

Ironiquement, ce voyage m'a donné le goût de voyager, de découvrir des lieux plus déstabilisants encore. Je désire partager à nouveau des moments magiques avec des inconnus. J'ai le goût de regarder le soleil se coucher sur un continent qui m'est inconnu.

Ceci n'est pas la fin. Il y aura d'autres conquêtes. Elles seront un autre début, une autre première fois.

Je suis tombée sur du Dickens aujourd'hui. Je vous laisse là-dessus.

« It was the best of times, it was the worst of times, it was the age of wisdom, it was the age of foolishness, it was the epoch of belief, it was the epoch of incredulity, it was the season of Light, it was the season of Darkness, it was the spring of hope, it was the winter of despair, we had everything before us, we had nothing before us, we were all going direct to heaven, we were all going direct the other way - in short, the period was so far like the present period, that some of its noisiest authorities insisted on its being received, for good or for evil, in the superlative degree of comparison only. »

Les photos :
 
Édimbourg


 
La maison hantée de Queensferry
 
 

Queensferry


Malcom à Queensferry


Sylvie et Stéphi en Irlande






samedi 10 novembre 2012

Repenser la naïveté

Il vient des moments dans la vie où on se demande quelle sera la suite logique, ou non, des événements. Je frappe ces mots quelconques d'un trait, sans vraiment réfléchir. Il reste six jours à ce modeste récit.

Mes proches savent à quel point je vis intensément. À un niveau tel, que cette façon d'interpréter le quotidien peut sembler naïve à l'égard des plus pragmatiques de ce monde. Mon leitmotive : nous ne vivons qu'une seule vie, mais celle-ci suffit. L'essentiel est peut-être de faire de notre mieux, de laisser notre coeur s'épanouir. Un privilège, en quelque sorte, d'avoir les capacités physiques et mentales de voyager, d'apprendre, d'aimer. Ne jamais l'oublier. Voilà un colossal défi.

Vivre dans un sac-à-dos d'une quinzaine de kilos pendant quatre mois, équivaut à remettre plusieurs concepts, qui sont intériorisés à l'intérieur de nous depuis ce qui nous semble toujours, en question. Une leçon d'humilité. Vivre de la bonté de parfaits inconnus pousse également à l'interrogation. Et si l'ouverture à autrui impliquait un échange entre nous-même et cette personne? Un retour de confiance. Idyllique, non, de croire à cette possibilité en 2012?

J'écris ces mots quelconques d'Édimbourg. Une ville que les visiteurs, dont je fais la connaissance, décrivent comme étant magique. On s'y sent léger. On veut y respirer l'air. À la rigueur, on veut y vivre. Un privilège de plus que de celui de finir ce voyage dans un endroit où le coucher de soleil de novembre est époustouflant.

Afin de rajouter au côté mystique de notre séjour à Édimbourg, Sylvie et moi résidons chez Malcolm, un gars de San Francisco quelque peu excentrique. Depuis juin, il accueille des voyageurs chez-lui. Une auberge de jeunesse revisitée. Sont passés depuis quatre jours: un couple charmant d'Américains d'une quarantaine d'années de Seattle, une jeune Allemande qui y est toujours, une fille de Taïwan, deux gars d'Uruguay, deux autres Américaines de Boston et finalement un Ontarien. Disons que ça prend une certaine générosité, ou plutôt, une générosité certaine, pour accueillir tout ce monde.

Le temps et l'argent me manquent. Je revisiterai un jour l'Irlande et l'Écosse. Les habitants y sont si accessibles, les paysages si fabuleux.

Voilà, vous pouvez vous assurer que j'ai goûté tous les moments de ces quatre derniers mois. Je constate que ces lignes sont probablement le plus bel exemple de candeur. Qu'importe, je suis ici, en train de vivre. Je crois qu'il faut repenser le concept de naïveté.

Difficile de faire le tri des photos. Certaines de l'Écosse, parmi d'autres :

Queensferry              




Édimbourg




Chez Malcom : Angie, à l'ordi; Ana, au piano; et Malcom, dans sa chaise


Stirling





mercredi 7 novembre 2012

Entre Dublin et Édimbourg

La rétrospection vient de s'entamer. Un « motton » s'est bien installé dans la gorge. Se dire qu'il faut simplement jouir des derniers moments. Davantage facile à dire qu'à réaliser, oui.

L'Irlande et l'Écosse offrent des paysages à couper le souffle. Des endroits où vivre réconfortants. Les amis du Canada qui commencent à envoyer des pensées parce que le retour est imminent. Un beaume sur le coeur.

De l'autre côté de l'Océan, Obama vient d'être ré-élu. Un autre réconfort. Celui de savoir que la planète continue de tourner en rond.

Plus de nouvelles au courant des prochains jours. Mes yeux ont trop envie de paysages bucoliques. Quelques photos :

Irlande








Écosse


                           

dimanche 28 octobre 2012

Alcool et refoulement

Les Londoniens entretiennent une relation singulière avec l'alcool. Et ce n'est pas un cliché. Le vin ou la bière est impérativement lié à toute activité sociale. Nous sommes allés regarder l'excellent Beasts of the Southern Wild cette semaine. À mon grand étonnement, le bar confiné du cinéma du quartier était bondé de jeunes buvant une pinte avant d'aller voir un film.

Je m'interroge. J'aime bien me questionner sur des futilités. Qu'est-ce qui pousse les Londoniens à vouloir atteindre l'ivresse? Sûrement le manque de soleil? Celui-là, on l'a entrevu pendant un timide deux heures depuis lundi. Ou peut-être plus fondamentalement, la culture? Les Londoniens sont polis et renfermés. D'un air quasiment stoïque, ils s'excusent pour tout. Dans l'alcool, ils réussissent éventuellement à sortir d'eux-mêmes? Je ne réponderai pas à cette question en sept jours. D'ailleurs, des gens plus brillants que moi (quoique j'en ai rarement rencontrés) ont déjà sûrement trouvé des réponses à ces interrogations.

Mais, oh, que Londres me plaît. Une ville désinvolte, libre. Un peu pour contredire ce que je viens d'affirmer, les gens sont originaux dans leur façon d'être et de se vêtir. Depuis le début de cette aventure, je marche avec un grand sourire accroché au visage. Je ne peux faire autrement. Dans le métro londonien, cet excès de gaieté surprend les citadins pris dans leur quotidien monocorde. On m'a souri souvent cette semaine, on m'a également accosté plusieurs fois afin de me demander en vain des directions. Stupéfaction à l'égard d'un sourire. À jeun.

Sinon, les jours gris et trempés de Londres permettent de faire des conneries sans conséquences. Comme celle de s'acheter vendredi un billet de loto dans l'espoir de gagner 73 millions de £ sterling. Negar et moi croyions VRAIMENT que nous allions s'arracher le gros lot. On se voyait déjà visiter l'Amérique du Sud au complet, le Sud américain et le Madagascar. Quelle ne fut pas notre peine hier en constant que notre billet ne contenait aucun numéro gagnant. Pas-un-seul. Nos rêves envolés en une seconde. Et moi qui souhaite si fort de devenir un jour condescendante.

Negar est Iranienne. On s'est joint en Provence pour une dizaine de jours en juillet. Je l'ai connue au Canada. Dans ce Canada où elle a trouvé les anglophones aussi froids et mornes que les hivers. Nous avons des discussions assez élaborées à ce propos. Je lui dis qu'elle doit découvrir les provinces de l'Atlantique. On parle bien évidemment en anglais. Pour une raison obscure, où peut-être parce qu'on a discuté voyage, photos et musique ces derniers jours, nos échanges se font avec un accent du Sud des États-Unis depuis 72 heures. Un peu plus et on se croirait dans une résidence texane. C'est plus fort que nous. Ses amis ne sont plus capables de le supporter.

Enfin, j'ai peine à croire qu'il me reste moins de trois semaines en Europe. « Time flies ». Indeed. Je pars rejoindre Sylvie en Irlande mardi. Je passerai également un moment en Écosse.

Passez une belle journée du Seigneur. Amen.

Photos : Avec portable, donc complètement transformées.

Negar et Stéphi, un moment avant le vol par effraction

Le fameux billet


Des gars rencontrés dans Camden qui voulaient que je les prenne en photo.


Camden


Camden

 Hackney

  

mardi 23 octobre 2012

Automne londonien

Me voilà rendue à Londres. Je suis bien installée dans le superbe « flat » de mon amie Negar. Ma copine qui est designer de mode à son atelier au deuxième étage. C'est spacieux et paisible ici. J'ai même eu l'honneur de rencontrer un renard à l'entrée.

On est dans le quartier Hackney, situé dans le nord-est de la ville. Un quartier diversifié et considéré comme étant défavorisé. En guise de paradoxe, il est devenu « branché » depuis quelques années. Les jeunes quittent d'autres coins de Londres et emménagent ici. Le prix des logis grimpe. À l'instar de d'autres métropoles, cette situation force les plus pauvres à déménager ailleurs. Cruel, en quelque sorte.

Hier, nous sommes allées à une exposition photos des années 1960-1970. On pouvait y retrouver des images captées par des photographes de partout sur la planète. Des clichés du sud profond des États-Unis, de la mort de Mao, d'un mouvement révolutionnaire-féministe mexicain, de Luther-King et des droits civiques des Noirs, etc. Plusieurs photos également de l'apartheid de l'Afrique du Sud. Certaines images boulversantes, à couper le souffle. D'autres assurant le maintien d'une mémoire collective.

Le temps est doux et brouillon à Londres. Des journées traînantes, dansant à des rythmes lents et langoureux. De celles qui sont propices au repos. J'aime particulièrement cette ville où les citadins sont polis et où ils te remercient avec un « darling ». Dans un parc pas très loin, deux enfants suivent un cours privé de tennis pendant que les feuilles des gigantesques arbres sont en train de tomber. L'herbe est verte comme ça se peut pas. Tableau saisissant.

Sylvie
Mon amie Brayonne/Acadienne au coeur énorme qui habite Sotteville-lès-Rouen où j'arrête de temps à autres. Lors d'une soirée d'automne pluvieuse typique à la Normandie, nous avons décidé de faire une visite éclair à Amsterdam. Comme celles que font parfois les politiciens dans les pays étrangers. Un gros 24 heures, un marathon improvisé, oui.

Vendredi dernier on prend ainsi le bus de nuit en partance de Paris. Le moyen de transport le plus économique pour s'y rendre. On se dit qu'on dormira aux moins quelques heures. Nous débarquons enfin, deux zombies, à la gare Amstel à 6h30 samedi. Puisqu'il est très tôt, nous décidons de rester un moment sur place afin de nous reposer un peu et de prendre un café. Une heure plus tard, le porte-monnaie de mon amie avait disparu. Le voleur, lui, est déjà loin, lorsqu'elle s'en rend compte. Départ idéal d'une visite éclair à une Amsterdam occupée à recevoir des coureurs l'espace d'un marathon et des DJs le moment d'une semaine de danse.

Photos :

Journée d'octobre dans un parc de Londres


Photos typiques d'Amsterdam




Sylvie, avant et non après le vol



   

jeudi 18 octobre 2012

Espagne ou nostalgie difficile à refouler

Quitter l'Espagne, c'est comme quitter quelqu'un dont on est tombé follement amoureux. Ça pogne à la gorge, au coeur. On se demande si le vertige, dans le cadre d'une prochaine fois, sera aussi grand. Difficile de mettre la main sur des mots précis face à la manifestation de ces sentiments étranges et singuliers vis-à-vis une place, un moment, un passage.

Je suis de retour à Rouen depuis hier. J'ai tout mon temps pour écrire. Une journée idéale, en effet, pour se laisser flotter dans la mélancolie. Disons que le retour du pays du flamenco à été (un peu) brutal. Un Paris gris et froid m'attendait malicieusement au détour. Même la météo du jeudi 18 octobre se veut ironique  : « Journée maussade. Pluies et vent fort au programme. » Ah, ces Français et leur foutu symbolisme.

J'ai vu mon amie Katia à Paris. Une fille de Caraquet avec qui je suis allée à la polyvalente. Dans un bar près de la place de la Bastille, on se remémore des souvenirs communs. On échange sur le voyage. Elle me dit que son copain et elle ont également visité l'Andalousie. Qu'elle aussi, a ressenti de vives émotions en quittant ce lieu magique ainsi que d'autres pays comme l'Irlande. Finalement, en l'écoutant, je me dis que partir à l'inconnu, c'est faire un retour vers l'essentiel.

Outre les discussions aux petites heures du matin durant le festival acadien, je n'avais pas revu Katia depuis une dizaine d'années, au moins. Hier midi, elle m'a accompagnée à la Porte d'Orléans où je devais me rendre pour monter dans une voiture qui me ramenerait à Rouen. On se met à l'abri de la pluie dans une cabine téléphonique. Elle me prête sa carte d'appel. Après quelques vaines tentatives, je réussis finalement à rejoindre le gars du co-voiturage. On se dit à « une prochaine fois ». Lorsque tu voyages seule sur un autre continent pendant quelques mois et que tu débarques tout juste d'une Espagne ensoleillée et enivrante et que le temps dans la ville lumière est justement maussade, la perspective d'avoir une vieille connaissance à tes côtés pendant ces quelques instants fait tout simplement du bien.

Voilà, les jours, les nuits sont comptés. Je serai de retour dans les rues de la ville du rock en novembre. Un été aura passé et les feuilles seront tombées. Je jette un coup d'oeil furtif au contenant de crème solaire reposant, inutilement, sur le bureau. Cette journée me permet effectivement de donner un libre cours à ma nostalgie.

Quelques images de Barcelone :






Avec mon ami Alex, dernière journée en Espagne



         

dimanche 14 octobre 2012

Amours imaginaires et Océan

Les rayons du soleil sont tout sauf timides. Un homme s'est assoupi sur ce qui semble faire office de coussin, dans un coin, à l'ombre. Je lis un livre. Un garçon volubile s'installe à mes côtés. Je tente quelques mots en espagnol. On improvise une conversation. Il s'appelle Guillerme et il a huit ans. Il se blotti contre moi, me prodigue des marques d'affection. En dépit de la différence d'âge, je crois qu'il est amoureux. Amour imaginaire. On est en Espagne. Aucune barrière n'est infranchissable.

La rencontre d'autant d'enfants dans une auberge de jeunesse est un événément rare. Ils sont en effet une trentaine d'entre eux, accompagnés de presqu'autant d'adultes. Si j'ai bien compris, les membres de ce joyeux régiment font partie d'un club d'aviron d'une ville située à 300 kilomètres de Séville. Ils profitent du canal de cette destination touristique le temps d'une longue fin de semaine.

Cádiz. Cité idyllique bordant l'Océan Atlantique. En octobre, les touristes se font plutôt rares. Dès lors, la ville est enveloppée d'une quiétude qui fait l'étranger ralentir le pas. Un effet caracol. Dans la poitrine, un enchaînement de sentiments sans limites. Et si cet étourdissement était lié à la dépendance à l'Océan? Une liaison à laquelle il serait impossible de s'arracher, même d'un autre continent?

J'ai entre autres fait la rencontre d'une Américaine et d'un Indien à Cádiz. Deux êtres brisant tous les clichés établis. Rachel vit à New York où elle travaille pour Reuters. En soirée, elle devient humoriste et elle chante dans un groupe Hip-hop. En ce qui a trait à Aditya, il vient de quitter son travail d'ingénieur. Il est anodin de rencontrer un Indien faisant du « back-packing » eu Europe. Aditya me raconte l'Inde, le mariage forcé de sa soeur, auquel y ont assisté 1500 convives. Échanges avec un poète, dont le désir le plus cher est de devenir psychiatre. Révolutionnaire de 24 ans, allant à l'encontre des valeurs de la société dans laquelle il a grandi. Hier, en remontant sur la terrace de l'auberge, il me dit « Je viens d'annoncer à mes parents que je ne vivrai plus chez-eux à mon retour. Avant le mariage, ça ne se fait pas dans mon pays. »

Il me reste un petit 48 heures en Espagne et un dernier mois en Europe. Si l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, et bien, instinctivement j'ai le sentiment que le bonheur penche peut-être du côté du flâneur.

Les photos : À Cádiz, à Cádiz avec Aditya et marché de Cádiz








Dans les rues de Séville



Toute la journée hier, partout dans Séville, on a célébré la fête de Notre-Dame-du-Rosaire (j'espère que ne fait pas erreur avec le titre de la célébration.) Dans la première photo ci-dessous : la vue de de l'événement de la salle de bain de l'auberge vers 18h-19h. La deuxième photo : l'espèce de cortège transporté par une douzaine de personnes avançant à pas de souris. Apparemment que les porteurs ont quelque chose à demander à Dieu, comme la guérison d'un membre malade de leur famille. Sur la troisième photo : le groupe revenant à l'église vers 22 h 30 après s'être promené en ville. Une fanfarre a joué pendant toute la cérémonie un air solonnel. On se serait cru dans la scène de mariage du film « The godfather ».